Votée par les députés, l’interdiction des pesticides néonicotinoïdes est une belle victoire pour la nature. Toutefois, celle-ci s’accompagnera de dérogations, et ce, jusqu’en 2020.
Une interdiction réelle seulement en 2020
Le projet de loi visant l’interdiction des néonicotinoïdes qui attaquent le système nerveux des insectes était l’un des plus ambitieux du projet de loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, mais également l’un des plus épineux.
Il a finalement été adopté en troisième lecture par l’Assemblée nationale dans la nuit du mercredi 20 juillet 2016 au jeudi 21 juillet 2016 avec 36 voix pour et 31 contre. Un vote historique, la France devenant par la même occasion le premier pays européen à rejeter son usage sur son territoire.
La loi biodiversité est votée ! Avec la #COP21 et la loi de #transitionénergétique, la France a un temps d'avance pic.twitter.com/HYhpz9gaMw
— Ségolène Royal (@RoyalSegolene) July 20, 2016
Toutefois, ce dossier a été le théâtre de nombreuses crispations. Lors du passage devant le Sénat qui est majoritairement à droite sur l’échiquier politique, celui-ci avait été partiellement détricotée. Ainsi, les sénateurs avaient opté pour un étalement de l’interdiction jusqu’à une date limite non précisée.
De fait, sous le jeu des pressions, l’interdiction qui devait être totale au 1er janvier 2017 a finalement été repoussée à septembre 2018… avec un certain nombre de dérogations jusqu’en 2020. Dans les faits, ces pesticides pourront donc être employés pendant encore 4 ans, ce que déplorent l’ONG Générations futures.
https://twitter.com/ecologiEnergie/status/755818105759301632
La Fondation Hulot (FNH), quant à elle, se dit soulagée que l’interdiction ait été maintenue à 2018 et qu’enfin, ce produit nocif pour la nature mais également pour la santé humaine, soit banni de France.
#LoiBiodiv @AssembleeNat confirme l'interdiction de tous les #pesticides #néonicotinoïdes dès 2018 … sous conditions.
— Nicolas Hulot (@N_Hulot) July 20, 2016
La vente des néonicotinoïdes en forte augmentation
L’utilisation des néonicotinoïdes est en pleine expansion sur le territoire national. Au point qu’après la date de 2020, il faudra encore attendre deux ans de plus pour ne plus en trouver des traces dans le sol.
D’ailleurs, il est fort à parier qu’il faudra attendre au-delà de 2022 pour qu’effectivement ces pesticides aient totalement disparu, car la vente de ces produits nocifs connaît un véritable boum. Ainsi, alors que l’Union Européenne a interdit certaines molécules et que les néonicotinoïdes sont sous le coup d’un moratoire, les ventes ont progressé de 31% en l’espace d’un an. Ainsi, alors qu’ils étaient de 387 tonnes en 2013, ils sont passés à 508 tonnes l’année suivante.
Certains redoutent d’ailleurs que les utilisateurs fassent des stocks en prévision de la rupture, ce qui amènerait inévitablement à repousser un peu plus la date effective à partir de laquelle ces pesticides ne seront plus employés.
En attendant, la production française de miel continue de dégringoler pour se contracter à 15 000 tonnes en 2015 contre le double vingt ans plus tôt. Il faut dire que chaque année, ce sont plus de 300 000 colonies d’abeilles domestiques qui sont détruites, sans compter les pollinisateurs sauvages comme les bourdons ou encore les papillons.
Si l’on peut donc regretter que la date de l’interdiction ait été repoussée à septembre 2018, on peut tout de même se réjouir pour l’environnement, la santé des consommateurs, mais également celle des agriculteurs et des travailleurs du monde agricole.
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