Avec ses 4500 âmes, Laigneville est une commune tranquille située au milieu des forêts de l’Oise, en Ile-de-France. Pourtant, depuis des mois, la municipalité est confrontée à un problème récurrent, celui des décharges sauvages. Pour lutter contre ce fléau, le maire, Christophe Dietrich, a décidé de rapporter aux pollueurs les détritus qu’ils ont si gentiment laissés en pleine nature.
La chasse aux indices pour traquer les coupables
Pneus usagés, gravats, textile, la municipalité lutte depuis des mois contre les déversements sauvages de déchèts de la part de particuliers et d’entreprises indélicats, mais sans grand succès.
Christophe Dietrich, maire de Laigneville, décide de s’appuyer sur le dispositif « voisin vigilant » pour tenter d’identifier les fautifs. En tout, quatre-vingt citoyens faisant remonter des informations à la mairie.
Ancien policier, le premier magistrat de la ville n’hésite pas à mener l’enquête lui-même. Une capsule numérotée appartenant à un bar, le carnet de correspondance d’une collégienne, la veste floquée au nom d’une entreprise, le moindre indice est exploité pour mettre la main sur les coupables.
Et quand ils sont enfin identifiées, une plainte est déposée. Malheureusement, malgré de nombreuses preuves, celles-ci sont bien souvent classées sans suite par la justice française.
Retour à l’envoyeur des déchets
Agacé de ne parvenir à enrayer le nombre de dépôts d’ordures sauvages sur le territoire communal, Christophe Dietrich décide en décembre 2014 de passer à la vitesse supérieure, tout simplement en rapportant les détritus à leur propriétaire.
Ainsi, dans une vidéo publiée sur le compte Facebook de la ville de Laigneville, ce dernier filme l’opération de retour à l’envoyeur d’un tas de gravas effectuée le 22 juillet 2016. L’indélicat qui les a déposés là a été pris en photo par un voisin. Pas de doute possible donc quant à l’identité du coupable.
Avec les agents municipaux, le maire fait charger les déchets dans un camion benne à l’aide d’un tractopelle, le tout sous l’oeil de sa caméra. Ceux-ci sont ensuite déposés à l’entrée d’une cour d’immeuble, là même où habite l’entrepreneur responsable de ce dépôt sauvage.
Des résultats probants, mais en flirtant avec la légalité
Bien évidemment, une telle opération flirte avec la légalité. Et Christophe Dietrich a pleinement conscience de jouer avec un vide juridique, prétextant qu’il ne fait rien de mal puisqu’il se contente de rendre à son propriétaire ce qu’il lui appartient.
Toutefois, si la méthode est contestée par certains, elle a au moins le mérite d’être efficace. Ainsi, alors que l’on dénombrait jusqu’à 4 dépôts sauvages par week-end, mobilisant les agents communaux toute la journée du lundi pour les évacuer, on n’en compte désormais plus qu’une poignée par an.
Il faut dire qu’entre décembre 2014 et juillet 2015, la mairie a procédé à une douzaine de retours à l’envoyeur.
Malheureusement, lors du dernier en date le 22 juillet 2016, les habitants de l’immeuble (parmi lesquels l’auteur du déversement sauvage) ont émis une protestation, ceux-ci se retrouvant bloqués par les gravas que la mairie avait déposé à six heures du matin.
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