Avant, je pensais naïvement que la vache était un animal qui avait besoin de se nourrir en broutant naturellement l’herbe dans les prés. Visiblement, ce n’est plus la peine puisque l’on peut les enfermer dans un grand hangar, en les rangeant bien comme des voitures dans un parking et en modifiant leur nourriture pour qu’elles puissent produire plus toute leur vie sans jamais voir le jour. C’est tout du moins ce que pense un puissant entrepreneur du BTP qui a décidé de lancer une usine à vaches !
Les faits
En s’inspirant du modèle allemand, Michel Ramery, c’est le nom de ce patron du nord de la France, a décidé de construire une usine (on ne peut pas employer le mot « ferme ») géante de 8500 m² sur Drucat-le-Plessiel et Buigny-Saint- Maclouen, deux communes situées dans le département de la Somme en région Picardie.
Cette usine dont l’ouverture est prévue dans le courant du premier semestre 2014, contiendra pas moins de 1000 vaches et 750 veaux et génisses. Ces animaux ne verront jamais le jour et leur alimentation sera modifiée pour accroître considérablement les rendements, permettant ainsi la production de 22 000 litres de lait par jour (8 millions à l’année).
A côté de ce projet sera installé le plus gros méthaniseur agricole de l’Hexagone (1,5 MW). Il s’agit de faire fermenter les déjections produites par les bovins de cette exploitation, ainsi que d’autres déchets venant de l’extérieur. Cette fermentation produit du méthane qui sert à la production d’électricité, revendue par la suite à EDF. La production estimée sera suffisante pour alimenter 1600 foyers français.
Ce qui est reproché
En premier lieu, c’est la maltraitance qui est faite à ces animaux. Michel Ramery, 369e fortune française (estimée à 120 millions d’euros), semble oublier le fait que les bovins sont des animaux et non des objets ou des outils comme un tracteur ou un ordinateur. Le fait de les enfermer à vie dans un espace ridiculement petit et probablement aussi grand qu’une demi-place de parking est tout simplement insupportable.
De plus, le fait que ces vaches laitières ne se rendent jamais dans les pâturages implique que leur nourriture ne sera pas équilibrée et saine. Heureusement, un cocktail de médicaments administré régulièrement en préventif permettra de palier à bon nom des problèmes sanitaires qu’implique une telle industrialisation.
En revanche, comme elles ne pourront brouter comme toutes les consoeurs le font normalement, elles pourront se gaver d’OGM, leur nourriture devant en toute logique être composée de :
– ¼ de foin
– ¼ de tourteaux de soja
– ½ ensilage de mais
Une vache mange 40 kg de façon quotidienne et la moitié de cette nourriture étant OGM car provenant d’Amérique du Sud, ce sont au moins 7 3000 000 kilos d’OGM qu’il faudra importer annuellement pour nourrir les vaches de Mr Ramery.
Autant dire que le lait et la viande ainsi produits seront indéniablement de moins bonne qualité (= malbouffe). N’oublions pas que ce que nous mangeons influe sur notre santé et celle de nos enfants.
Encore des emplois amenés à disparaître ?
Du côté des emplois, ce n’est guère plus reluisant. Un élevage laitier traditionnel compte en moyenne une cinquantaine de têtes et crée 2,1 emplois. Avec 1000 vaches, cette usine devrait induire la création de 42 emplois, or, 18 seulement sont prévus.
Si ces usines se développaient un peu partout sur le sol français, ce seraient plusieurs dizaines de milliers d’emplois qui seraient amenés à disparaître.
Pollution de l’air et de l’eau
Les vaches produisent certes du lait, mais également des déjections. Un méthaniseur, comprenez des silos de fermentation, est prévu pour récupérer du méthane. Ce gaz sert ensuite à produire de l’électricité subventionnée par l’Etat.
Bien évidemment, du méthane s’échappera des structures, entraînant inévitablement une certaine forme de pollution atmosphérique. D’ailleurs, ces installations ne sont pas sans danger pour l’environnement et pour les hommes puisque l’on dénombre plusieurs décès en Allemagne et en Espagne, ainsi que trente-deux intoxications en France.
Enfin pour épandre le reliquat de cette fermentation, il faut pas moins de 3000 hectares de terrains agricoles, soit l’équivalent de douze premiers arrondissements parisiens. Et pour acquérir ces terres destinées à l’épandage, Mr Ramery paie bien plus que le prix du marché, privant ainsi les jeunes agriculteurs de toute possibilité de s’installer, selon Vincent Chombart de la Confédération Paysane (Source)
Ultime inquiétude, la probable pollution des nappes phréatiques, la dégradation de la qualité de l’eau et le développement des algues vertes dans la Baie de Somme. Tiens, tiens, ce n’est pas sans rappeler un problème rencontré en Bretagne !
Pétition, informations, comment agir ?
Vous pensez que vous ne pouvez rien faire contre la malbouffe ? N’attendez pas que l’on vous vende des oeufs en forme de cube parce que c’est plus pratique à ranger pour réagir !
Soutenez le mouvement de protestation contre cet élevage industriel et intensif de bovins et les nombreux problèmes économiques, sanitaires et environnementales que cela implique en :
– signant les différentes pétitions que vous trouverez sur Avaaz ou encore ici.
– vous rendant régulièrement sur le site de l’association Novissen.
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