En panne depuis 2012, la Marie-Thérèse, la micro-centrale hydroélectrique de Velaux (13 – Bouches du Rhône) est en passe de reprendre du service, avec pour objectif la production d’électricité verte pour 150 foyers. A l’initiative de cette remise à flot, des citoyens regroupés en coopérative.
Centrale électrique de Velaux : un projet ouvert aux citoyens
BB : Mr Poix, vous êtes l’un des fondateurs du projet de la micro-centrale hydroélectrique La Marie-Thérèse à Velaux (Bouches-du-Rhône). En quoi consiste-t-il ?
Mr Poix : Notre projet consiste à réhabiliter une micro-centrale hydroélectrique, située au bord de l’Arc à Velaux (Bouches du Rhône), afin d’apporter notre contribution à la Transition énergétique en France.
Cette centrale avait été orientée vers la production d’électricité en 1962, alors qu’auparavant elle servait à broyer des pierres blanches pour épaissir les peintures, et, encore avant cela, la force hydraulique servait à fabriquer de la farine au Moyen Âge.
Toutefois, une pale de la turbine ayant été cassée à cette date, elle ne produit plus rien depuis l’année 2012.
BB : Les habitants de Velaux connaissent bien ce lieu car il est chargé d’histoire. Pourquoi l’avoir justement choisi pour lancer un tel projet ?
Mr Poix : D’abord, l’initiateur du projet est le fournisseur d’énergie ENERCOOP. Ce fournisseur, concurrent d’EDF, se différencie en proposant à ses abonnés une énergie produite à 100% par des producteurs d’énergies renouvelables.
Etant sans cesse à la recherche de nouveaux producteurs, c’est en prenant contact avec le propriétaire de la centrale qu’ils se sont rendus compte qu’elle ne produisait plus rien. Les démarches administratives et les coûts des travaux de réhabilitation avaient découragé M. Salignon, l’actuel propriétaire qui est proche de la retraite, de se lancer dans cette nouvelle aventure.
Un des points forts du projet consiste dans le fait que l’on a pu prouver que la centrale existait avant la Révolution Française, grâce à sa localisation sur les « Cartes de Cassini ». Ainsi, nous avons obtenu un « Droit d’Eau fondé en titre ». En d’autres termes, l’Etat a admis que l’utilisation de la force hydraulique à cet endroit est historique et inaliénable : de quoi monter un projet financièrement solide dans le temps.
BB : Quelle quantité d’énergie verte pourrait ainsi être produite ?
Mr Poix : Avant de tomber en panne, la micro-centrale produisait un peu plus de 400 Méga Watts/an. La structure du bâtiment et, surtout, le débit de l’Arc à ce niveau, devrait nous permettre d’obtenir une production annuelle de 450 Méga Watts, soit l’équivalent de l’alimentation électrique de 150 foyers (hors chauffage si électrique).
Une des explications de cette différence, outre le fait que les turbines aient évolués depuis les années 60, réside dans le fait que le système sera grandement automatisé, alors que M. Salignon faisait tous les réglages en manuel avec l’ancien matériel, ce qui est difficile 24h/24… !
BB : Quel impact sur l’écosystème ?
Mr Poix : Que du positif ! La centrale est au cœur d’un Parc Natura 2000 donc la faune et la flore sont protégées et surveillées. L’ONEMA (organisme qui gère l’Arc), qui est aussi favorable à notre projet, va profiter de nos travaux pour financer l’installation d’une passe à poisson qui favorisera la migration des anguilles d’Europe, une espèce qui a tendance à disparaître.
Il faut également noter que l’hydroélectricité est l’énergie renouvelable qui a l’impact carbone le plus faible de toutes.
Enfin, l’accélération de la transition énergétique doit nous extraire de la technologie nucléaire, dont les déchets radioactifs sont un problème légué aux générations futures pour plusieurs milliers d’années… !
BB : En quoi votre projet s’inscrit-il dans une démarche citoyenne ?
Mr Poix : Nous avons, avec ce projet, une application concrète, et qui est actuellement la plus aboutie en région PACA, de ce que peuvent réaliser les citoyens en prenant à bras le corps le sujet de la transition énergétique, alors que nous jugeons que les organismes publics ont du mal à avancer rapidement dans ce domaine.
La première idée, c’est que cette ressource d’énergie renouvelable de proximité bénéficie d’abord aux habitants du voisinage, puisque même si l’électricité est réinjectée sur le réseau global, elle sera consommée au plus proche de la centrale.
Par ailleurs, nous considérons que la richesse créée par l’exploitation doit être redistribuée au bénéfice des citoyens qui souhaitent nous soutenir, plutôt qu’à des multinationales dont les capitaux sont peut-être tenus par des fonds de pensions, spéculateurs, quelque part dans la finance mondiale.
Enfin, lorsque nous avons créé la société, nous avons pris soin de doter chaque souscripteur de part de la société (une part faisant 100€ pour être accessible à tous), d’une voie lors des assemblées générales. Ainsi, nous garantissons qu’un investisseur privé ne pourra pas prendre le contrôle des décisions et de l’avenir de notre structure.
BB : Pourquoi et comment y participer ?
Mr Poix : Un autre aspect important de notre projet consiste à l’essaimage. Nous espérons, à travers lui, susciter d’autres Groupes de réflexions ou d’autres citoyens à s’engager dans la même voie. A titre d’exemple, il existe environ 2000 micro-centrales hydroélectriques dans l’Hexagone, dont certaines ne demandent qu’à être remises en service.
La première façon de nous aider, et la plus simple, consiste à visiter notre site internet (www.provence-energie-citoyenne.fr), pour améliorer la visibilité de notre projet et, pourquoi pas, partager nos articles ou événements à ses contacts les plus sensibles à l’environnement. Pour ceux qui sont plus proches du Sud-Est de la France, tous les coups de mains sont les bienvenus, et tous les messages d’encouragement et de sympathie aussi !
Enfin, pour ceux qui veulent s’impliquer complètement dans le projet, il y a la possibilité de s’intégrer dans l’un de nos cinq groupes de travail, ou même, pour ceux qui le souhaitent, prendre une part de la société.
BB : Un petit mot pour la fin?
Mr Poix : Nous vous remercions de votre soutien, en relayant notre projet sur votre blog… Je vous promets de vous tenir au courant de son évolution.
Nous projetons une inauguration de la micro-centrale rénovée pour l’automne l’année prochaine, et, probablement, nous allons commencer dès janvier à réfléchir à d’autres projets du même type, toujours pour accélérer la transition énergétique. A très bientôt, donc !
Merci pour l’article. Vous vouliez dire 400 et 450 Mégawatt-heures par an, sans doute ?
Parce que « 400 Mégawatts / an », ça a autant de sens que dire « La vitesse est limitée à 50 km/h par an ». Ça ne veut rien dire, en effet (même si l’erreur est courante).
Effectivement vous avez rectifié de vous même, il s’agit bien de MegaWatt Heure.
Merci de votre intérêt pour notre projet.
Jean-Luc
Un des associés fondateurs de Provence Energie Citoyenne
Le projet de la Marie Thérèse est sur le site de crowdfunding « Le Zeste » : https://www.zeste.coop/fr/decouvrez-les-projets/detail/renovation-de-la-marie-therese
Après 4 ans de démarches administratives et de travaux, l’inauguration publique aura lieu le samedi 18 mai 2019 de 10h à 17h. Plus d’informations sur le site http://www.provence-energie-citoyenne.fr