Les bidonvilles de la capitale du Kenya, Nairobi, sont les plus grands d’Afrique. Des millions de personnes pour lesquelles le simple fait de vouloir faire ses besoins naturels est un problème en soi.
Une entreprise américaine a entrepris de déployer des sanitaires permettant de collecter les excréments humains pour ensuite les valoriser en engrais bio.
Pas accès à des toilettes pour 60% des Nairobiens
La majeure partie population de la capitale du Kenya vit dans des conditions particulièrement difficiles. Ainsi, 60% des Nairobiens, soit 1,4 millions sur les 2,3 millions d’habitants que compte la ville, vivent dans l’un des nombreux bidonvilles tels que Kibera, Mathare ou Sinai. Ceux-ci sont parmi les plus grands, les plus surpeuplés et les plus dangereux d’Afrique.
En outre, ce sont également les plus insalubres, ces habitants n’ayant par exemple, pas accès à l’eau courante, et encore moins à l’évacuation des eaux usagées.
De fait, pas question de sanitaires bien propres comme ceux que nous autres avons la chance de connaître. Ils n’ont d’autres choix que d’utiliser des latrines desquelles refluent les égouts de surface, des toilettes un peu moins ragoûtantes mais situées parfois à plusieurs kilomètres et plus risquées pour les femmes seules ou encore les « flying toilets ».
Le principe de ce que l’on pourrait traduire littéralement par « toilettes volantes » consiste à déféquer dans un sac plastique, de le nouer et le lancer aussi loin que possible.
Initiative sociale ou business ?
Que ce soit l’ONU, les ONG ou encore des entreprises, les initiatives sont nombreuses pour tenter de trouver des solutions à l’évacuation des eaux usées et des déjections humaines. Celles-ci sont en effet à l’origine de nombreuses maladies touchant la population même de ces bidonvilles, en particulier les nouveaux-nés et enfants en bas âge qui sont très nombreux à mourir de maladies diarrhéiques.
Parmi ces initiatives, la plus originale et la plus prometteuse vient d’une société américaine, Sanergy (USA). Celle-ci a entrepris de commercialiser des toilettes Fresh Life de petite taille, en béton et reconnaissables à leur couleur bleue au tarif de 450 euros.
Présentées pour la première fois à l’occasion de la Journée mondiale des toilettes en 2011, celles sont produites localement et proposées au prix de 450 euros aux entrepreneurs et particuliers. Ceux-ci n’ont ensuite plus qu’à faire payer quelques pièces aux futurs usagers pour rentabiliser leur investissement.
Transformer les déjections humaines en engrais bio
L’installation de ces sanitaires est des plus simples puisque aucun raccordement n’est nécessaire, chaque sanitaire Fresh Life disposant de son propre collecteur. Des employés de Sanergy embauchés parmi la population locale passent vider chacune des 625 toilettes actuellement en service à travers la capitale kényane.
Ce sont ainsi près de 10 tonnes d’excréments qui sont ainsi collectées de manière quotidienne. Ceux-ci subissent ensuite une transformation dans une usine pour produire un engrais biologique, mais également du biogaz.
Tout l’intérêt de cet engrais biologique est son faible coût de production. Celui-ci peut ainsi être revendu à 0,25 €/kg, un prix bien en-deçà de celui des engrais traditionnels qui sont inaccessibles pour la majorité des agriculteurs et fermiers kényans. De plus, ils n’induisent pas de pollutions des sols.
Un marché porteur donc, mais qui ne permet pas encore à l’entreprise américaine de trouver son équilibre financier. Il faudrait pour cela passer le nombre de toilettes en service de 625 à 4000, un chiffre que l’entreprise envisage toutefois d’atteindre en l’espace de trois ans. Pour la suite, elle prévoit d’ailleurs de déployer les Fresh Life dans d’autres régions du globe.
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