Créée depuis plus de deux décennies dans le département de Cauca en Colombie, l’ONG Fundesia (Fondation pour un Développement Intégral et une Recherche Agricole) nourrit le désir de ramener durablement un climat social paisible dans une zone où une guerre interne morcelle le pays durant plus d’un demi-siècle. Alors que la région est encore profondément marquée par les stigmates du conflit armé (conditions de vie précaires, violences, trafic de stupéfiants…), l’organisme international est en train de mener des actions tangibles. Ses domaines d’intervention s’étendent sur plusieurs plans : éducation, santé, social et environnement. Nous vous invitons à plonger dans le contexte au sein duquel l’ONG évolue afin de vous livrer les détails des initiatives mises en œuvre par la fondation.
Rappel des origines du plus vieux conflit armé interne du monde
Le conflit armé colombien se particularise par sa longévité et par la violence des actes perpétrés. Si d’aucuns s’accordent pour dire que la guerre a débuté vers les années 48, d’autres conviennent que les origines de la guérilla remontent aux années 58-60. Soit plus de 50 ans de tensions internes.
En 1960, deux fractions émergent : les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) et l’Armée de Libération Nationale (ELN). Mais par la suite, viendront s’y mêler d’autres groupes tels que l’Armé de Libération Populaire (EPL), ainsi que les narcotrafiquants.
Le nombre de morts est chiffré à près de 260 000 personnes. On estime qu’il y a eu environ 60 000 disparus, pour 7 millions de déplacés. La notoriété de cette guerre civile s’explique par l’atrocité des crimes. Cependant, l’Etat colombien est actuellement dans une logique de retour au calme. Notamment à travers la signature en 2016 d’accords de paix avec les FARC.
Plaidoyer en faveur d’une reconstruction durable
Le constat alarmant que l’on fait dans un contexte d’après guerre tel que celui-ci, c’est une recrudescence des disparités, le déboisement, et donc la destruction des poumons verts, mais également une dégradation à grande échelle de l’environnement, en général.
Cet état de fait s’explique essentiellement par l’appropriation des terres en vue d’une exploitation industrielle. Les domaines qui étaient laissés à l’abandon en raison du conflit sont aujourd’hui cédés au mieux disant.
Mais il serait vraiment déplorable d’assister à la « défiguration » d’un pays si florissant. En effet, la Colombie tient la seconde place mondiale en matière de biodiversité. Et pour ne pas assister à un tel désastre écologique et barrer la route aux multinationales, il convient d’initier un véritable redressement de l’économie locale.
Fundesia, un acteur concret du développement durable
L’ambition majeure de l’organisation est de créer un village témoin afin d’apporter des solutions pertinentes aux nombreux problèmes que rencontre la région depuis des dizaines d’années. L’objectif est d’amorcer un essor global qui se fonde sur 3 socles essentiels : l’autogestion, l’instruction et la viabilité.
En moyenne, ce sont 200 foyers de ce village, et des bourgades voisines qui sont au bénéfice de ce projet d’envergure. Il s’agit de la mise en place d’une structure de formation en agro-écologie et d’une école supérieure dont profitent plus de 800 jeunes. Mais les initiatives ne s’en arrêtent pas là ! Dans le but de donner l’opportunité aux autochtones de préserver et de perpétuer leurs connaissances artisanales, des ateliers de métallurgie, d’ébénisterie, et de confection ont vu le jour. Cela permet aux habitants d’éviter de tomber dans une grande dépendance des produits commercialisés. Car il ne faut pas oublier que l’un des piliers du développement durable voulu est l’autonomie.
Par ailleurs, l’implantation d’une bibliothèque, d’une école de musique et d’un club de football a permis de créer des espaces de partage et de rassemblement privilégiés qui participent à la reconstruction d’une paix durable.
En outre, la fondation possède une coopérative agricole qui aide les villageois à atteindre l’autosuffisance alimentaire et financière. L’élevage concerne une variété d’espèces : poissons, volailles, vaches et porcs. Les membres s’adonnent également à la transformation de canne à sucre, de fruits, et même de café.
Le projet de l’ONG se veut pérenne sur le plan environnemental. Par conséquent, les techniques agraires misent sur le naturel et prennent appuie sur le savoir-faire de la population locale. Les travailleurs de l’organisation qui interviennent dans ces divers projets sont issus du village. Ils ont subi une formation pour la prise en charge des équipements afin qu’ils puissent prendre leur destinée en main à l’avenir. Il faut noter que toutes les initiatives qui ont été mentionnées sont déjà effectives. Toutefois, il reste à mettre en œuvre un certain nombre d’éléments basiques.
Plusieurs projets en perspective
La fondation ambitionne de mettre en œuvre un projet en rapport avec l’eau. Le liquide précieux est l’une des difficultés majeures que rencontre cette région. Les habitants n’ont pas d’eau potable. Ce qui est prévu, c’est de recueillir puis d’épurer l’eau provenant des sources qui sont à la descente du village.
La mise en place d’un dispositif de traitement des eaux usées, au moyen de procédés naturels, est également prévu dans le cadre du projet. D’autres initiatives remarquables sont envisagées : création d’une université, d’une structure hospitalière, d’un centre de gestion des déchets…
Par le biais de ce village expérimental, l’objectif est d’apporter à long terme des réponses idoines aux équations que rencontre la Colombie. Mais dans une perspective beaucoup plus large, les villageois ont l’ambition d’influencer d’autres régions du monde. Ils veulent servir d’inspiration et ainsi encourager la transition vers des méthodes plus écologiques qui permettront de relever les défis de notre génération.
Crédit image : Noé André
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