Plante indésirable au jardin car envahissante, le liseron est la bête noire des jardiniers. Cette mauvaise herbe est surtout particulièrement tenace et difficile à éliminer. En bio, quelles sont les méthodes efficaces pour limiter la prolifération de cet indésirable, tout en préservant la biodiversité du jardin ?
Une plante bio-indicatrice de l’état de santé de votre sol
Le liseron est une plante grimpante facilement reconnaissable à ses jolies fleurs en forme de cornet. Cette plante vivace compte en réalité, non pas une, mais deux variétés très proches :
- le liseron des champs ou convolvulus arvensis : les fleurs sont rayées de rose et de blanc ;
- le liseron des haies ou calystegia sepium : les fleurs peuvent être totalement blanches ou légèrement teintées de rose.
On trouve cette herbacée partout, aussi bien à la ville qu’à la campagne, au nord de la Loire comme au sud, et ce, jusqu’à 1500 mètres d’altitude. Elle s’est s’adapter à tous les terrains, mais certaines conditions contribuent à sa prolifération. En effet, cette vivace affectionne tout particulièrement les sols lourds, compacts et riche en matière azotée.
Caractères bio-indicateurs
Cette grimpante se plaît surtout sur une terre argileuse qui a été compactée par le passage d’un engin agricole par exemple et qui a reçu un excédent d’engrais comme du de fumier.
C’est pour cela que cette adventice (l’autre terme pour dire « mauvaise herbe) est un bio-indicateur ou plante bio-indicatrice.
Les caractères bio-indicateurs pour le liseron sont :
- un compactage excessif de la terre ;
- un excédent en nitrates ou de matière organique d’origine animale. Le rapport carbone/azote est inférieur à 13 (C/N < 13) ;
- une hydromorphie (ou hydromorphisme), c’est-à-dire un engorgement des sols en présence d’excès d’eau prolongé. Cela a pour conséquence d’asphyxier la vie souterraine qui est alors très limitée. Le développement des végétaux peut également être impacté ;
- une dissociation du complexe argilo-humique avec libération d’aluminium, de fer ferrique et de nitrites.
Le liseron, une grimpante utile ?
La nature étant bien faite, certaines plantes se plaisent parfaitement dans telles conditions.
C’est évidemment le cas du liseron qui possède de puissantes racines. Le système racinaire peut atteindre jusqu’à 2,5 mètres de long, contribuant ainsi à décompacter la terre. C’est également une plante nitratophile grande consommatrice d’azote (N), permettant ainsi d’en réduire la teneur dans le sol.
Le liseron n’est donc un indésirable que dans nos jardins. Dans la nature, il a donc son utilité.
Comprendre le mode de multiplication du liseron pour mieux lutter en bio
Comprendre la dissémination et la multiplication de cette plante permet de lutter efficacement en bio contre sa prolifération.
Son système de propagation le plus performant se fait en grande partie via son système racinaire constitué de rhizomes. Un seul petit fragment de ces mêmes rhizomes peut donner naissance à un nouveau plant.
De fait, chaque fois que le jardinier retourne sa terre, il peut lui-même contribuer à la prolifération de cette adventice en cassant les racines. Les animaux comme la taupe peuvent également favoriser sa propagation.
Par ailleurs, comme si ce n’était pas suffisant, le liseron a une abondance floraison de juin à septembre. Un seul plant peut produire jusqu’à 500 graines. C’est dire si sa propagation peut être rapidement incontrôlable dans un jardin.
Quelles sont les méthodes naturelles pour se débarrasser du liseron ?
Comme souvent au jardin ou en agriculture, pour lutter contre certains végétaux envahissants, il faut mettre en place des actions préventives et curatives.
Mesures préventives
Pour décompacter la terre, il faut abandonner la méthode du bêchage en profondeur. Il est nettement plus intéressant et plus respectueux pour la biodiversité du sol d’utiliser une grelinette. Par ailleurs, l’utilisation d’un couvert végétal au potager (phacélie, moutarde, etc) permet d’éviter le tassement de la terre en cas de pluie.
L’utilisation des amendements riches en azote comme le fumier doit se faire avec parcimonie.
Lutte curative en bio
Se débarrasser du liseron quand il est installé n’est pas chose évidente. Il est d’ailleurs inutile d’essayer de mettre une bâche pour couvrir le sol. Les parties aériennes peuvent ainsi disparaître, mais le système racinaire est suffisamment puissant pour contourner cet obstacle et développer de nouvelles pousses un peu plus loin.
Par ailleurs, le désherbage thermique est lui aussi totalement inefficace.
En revanche, il est intéressant de pailler le sol avec un paillis à forte teneur en lignine, c’est-à-dire en fibres de bois. Cela peut être par exemple du BRF (bois raméal fragmenté). Les micro-organismes et les champignons du sol on en effet besoin d’azote pour dégrader le bois, contribuant ainsi à rééquilibrer le rapport carbone azote.
Il faut dans le même temps supprimer les jeunes pousses de liseron de manière très régulière pour fatiguer la plante. Si vous en avez la possibilité, il faut également supprimer le maximum de racines, tout en veillant à bien les laisser sécher au soleil.
La plantation de végétaux gourmands en azote est également une manière de faire concurrence à cet indésirable. Vous planterez par exemple des plants de tomate, des fougères ou encore des choux.
L’ensemble de ces astuces sont toutes à utiliser en même temps. Elles ne sont pas efficaces tout de suite car le liseron est malheureusement une plante très résistante. Mais avec un peu de patience, vous finirez tout de même par vous en débarrasser.
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