Depuis plus de 2 mois, l’Afrique de l’Est est confrontée à un véritable fléau, la pire invasion de criquets pèlerins qu’elle ait jamais enregistré depuis plusieurs décennies. Cet insecte de quelques centimètres de long se déplace par millions, dévastant tout ce qui se trouve sur son chemin.
Un phénomène qui se passe bien loin de chez nous, mais qui devrait toutefois nous inquiéter.
Afrique de l’Est : la pire invasion depuis des décennies
Kenya, Éthiopie, Somalie, Tanzanie, Ouganda, Yémen, Pakistan, République Démocratique du Congo, la liste des pays envahis par des dizaines de millions de criquets pèlerins ne cesse de s’allonger depuis deux mois.
Cet insecte qui a l’habitude de se déplacer en groupe forme des nuages qui s’abattent sur des régions entières. Actuellement, certains de ces groupes sont tellement impressionnant en taille, qu’ils sont plus grands que le Luxembourg. Pour mémoire, la surface de ce petit état et tout de même de 2586 kilomètres carrés.
De plus, dès que ce nuage d’insectes au proportions bibliques ne trouve plus assez de nourriture sur place, il se déplace. Il peut ainsi parcourir dans la même journée de 100 à 150 km.
East Africa is a region beset by climate- and conflict-related shocks. Millions of people are already acutely food insecure. Now they face another major hunger threat in the form of #desertlocust 🦗
🕭 Time to act is now 🕭
Read more – https://t.co/Q1RlL9uuT0 pic.twitter.com/4PgljmOUdu
— WFP Africa (@WFP_Africa) February 26, 2020
Certes, par le passé, l’Afrique a connu de tels épisodes. Rien qu’au siècle dernier, on en a compté six. Toutefois, celui-ci est remarquable de par son d’ampleur car un tel déferlement des insectes nuisibles ne s’est pas produit depuis 1989 en Afrique de l’Est.
Pour certains pays comme le Kenya, c’est même du jamais vu depuis 70 ans.
Une crise humanitaire qui se dessine
Ce n’est pas tant la présence de milliards de criquets qui pose un réel problème que la quantité de nourriture que doit ingurgiter ce ravageur. Ainsi, l’essaim le plus imposant engloutit à lui-seul plus de 400 000 tonnes de nourritures, anéantissant toute végétation sur une surface grande comme le Luxembourg à chaque halte.
Les cultures sont ravagées, tout comme les rares pâtures destinées au bétail et même les arbres. Tout ce qui est verdure dans cette région du monde déjà sous le coup d’une sécheresse qui dure a tout simplement disparu.
Dans des pays comme l’Ethiopie où s’alimenter est déjà compliqué pour beaucoup d’habitants, une telle situation présage une catastrophe alimentaire. Ce sont ainsi 10 millions de femmes, d’hommes et d’enfants qui sont actuellement concernés.
Par ailleurs, ces ravageurs ne vivant que trois mois, leur reproduction se fait rapidement, chaque femelle pouvant pondre 300 oeufs. Il y a donc urgence car si rien n’est fait, il faut s’attendre à ce qu’ils soient 500 fois plus nombreux d’ici juin. Ce sont les prochaines récoltes dans ces pays très largement agricoles qui sont en jeu.
Une lutte peu efficace, coûteuse qui impacte l’environnement et la santé
Aujourd’hui, les solutions pour venir à bout qu’une telle concentration de criquets pélerins sont peut nombreuses. Elles sont surtout peu efficaces car elles consistent principalement au largage par avion de tonnes de pesticide sur les zones infestées au petit matin quand les insectes ne sont pas encore réveillés.
Bien évidemment, ces insecticides ne sont absolument pas sélectifs. Ils provoquent une perte de biodiversité très importante, sans parler de l’impact sur la santé des habitants qui sont généralement près des zones de largage par avion.
Enfin, le coût d’une telle opération est évaluée 76 milliards de dollars par l’ONU. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les états africains qui font face à ce fléau ne peuvent pas grand chose, faute d’avoir les ressources financières. L’organisation mondiale cherche à collecter des fonds pour éradiquer ce fleau, mais pour l’instant, la cagnotte ne dépasse que difficilement les 15 milliards de dollars.
Un problème directement lié au réchauffement climatique
Les Européens ne se sentent pas concernés par ce problème, même si beaucoup le déplorent. Et pourtant, ils devraient l’être car la situation va empirer à cause du réchauffement climatique.
En effet, les premiers regroupements de ce ravageur ont été signalés en 2018 au Yémen, en Arabie Saoudite et à Oman. Or, les conditions climatiques d’il y a deux ans ont été tellement favorables à la reproduction de ces charmantes bestioles que leur nombre a considérablement augmenté. Un an plus tard, un nouvel épisode climatique favorable fait alors exploser la population des criquets dans cette région du monde régulièrement secouée par des conflits. La situation devient alors incontrôlable.
Bien évidemment, avec les changements climatiques en cours, une telle invasion devrait se produire de plus en plus fréquemment. Pire, certains spécialistes s’attendent à ce que des populations de criquets pèlerins remontent plus au nord et finissent proliférer dans des secteurs où ils ne sont habituellement pas présents.
Répondre